Arrivé en mai, ce premier tunnelier entrera en action cet été pour creuser la portion de tunnel entre Montaudran et le port Saint-Sauveur. Les quatre autres arriveront avant la fin de cette année.
Le tunnelier, véritable usine souterraine
Les 5 tunneliers vont creuser simultanément les 22 km de galeries souterraines pour relier les stations Colomiers Gare à Montaudran Gare - Piste des Géants (le reste de la Ligne C, jusqu'au terminus de Labège Gare, est en aérien).
Creuser la galerie et construire le tunnel
Le tunnelier est une véritable usine souterraine qui creuse les galeries et consolide les futurs tunnels de la ligne C. Cet engin usine assure donc à la fois le forage du tunnel, son soutènement et sa construction avec des voûtes préfabriquées en béton (voussoirs), tout en assurant la stabilité des sols et des bâtiments en surface.
Anatomie d'un tunnelier
Un tunnelier se compose de deux grandes parties : le bouclier situé à l’avant du tunnelier et le train suiveur. Le bouclier assemble les éléments suivants :
- La roue de coupe, une impressionnante pièce rotative avec dents et molettes qui grignotent le sous-sol (photos) ;
- La chambre d’abattage, qui reçoit les terres excavées par la roue de coupe pour les évacuer vers l’arrière du tunnelier ;
- La jupe, séparée de la partie avant du bouclier par une paroi étanche, où l’on pose les voussoirs à l’aide d’un bras érecteur. Ces morceaux d’anneaux en béton constituent le revêtement définitif et étanche du tunnel.
- Le train suiveur, composé de plusieurs remorques, abrite notamment la cabine de pilotage, les moteurs, les pompes hydrauliques, le convoyeur des terres vers le point d’entrée du tunnelier, ainsi que toute la logistique de l'engin.
Un tunnelier en action 24h/24 parcourt en moyenne 12m/jour. Il faudra environ 2 ans aux 5 tunneliers pour creuser les 22 km de tunnels de la Ligne C.
Des tunneliers sous la protection de Sainte-Barbe
Ces monstres d'acier de plusieurs tonnes, longs de plus de 100 m, aussi impressionnants soient-ils, ont toutefois un petit supplément d'âme. Ils sont tous décorés aux couleurs de l'Occitanie et, surtout, ils sont baptisés du nom de personnalités féminines qui se sont distinguées au sein de l'Académie des Jeux Floraux.
Pourquoi donne-t-on un nom aux tunneliers ?
Les tunneliers portent un prénom féminin pour respecter la tradition de Sainte-Barbe, patronne des mineurs et des ouvriers. Pour rendre hommage à la sainte et se placer sous sa protection, on donne donc à ces machines le prénom d’une femme, épouse ou collaboratrice.
Le patronage de Sainte-Barbe est très populaire dans les travaux publics. Une quinzaine de professions l'ont choisie pour sainte patronne : architectes, charpentiers, maçons, mineurs, constructeurs de galeries, etc. lui demandent sa protection.
Aux couleurs de la croix occitane
La roue de coupe du premier tunnelier arrivé à Montaudran arbore les couleurs rouge et or de la croix occitane, également croix de Toulouse. Les quatre autres tunneliers qui perceront la Ligne C seront personnalisés avec ces mêmes couleurs.
Les femmes de l'Académie des Jeux Floraux à l'honneur
Chacun des cinq tunneliers porte un nom féminin qui rend hommage à des personnalités des lettres et des sciences. Toutes ont pour point commun d'avoir obtenu un titre honorifique au sein de l’Académie des Jeux floraux.
Jeanne Marvig (1872-1955) - tunnelier n°1
Jeanne Marvig, née Viguier, était poétesse et a écrit dans la mouvance de l’école romane. Épousant en 1903 Victor Marty, elle prit le pseudonyme de Marvig contraction de Marty et Viguier. Elle écrit régulièrement des poèmes dans la revue La Petite Illustration. En 1937 elle publie La chanson de Toulouse, poème fleuve qui consacre une carrière couronnée de succès et de reconnaissance (prix des Poètes français, prix de l’Académie Française pour Avec les Dieux... et les héros). Elle fut maîtresse des Jeux de l’Académie des Jeux floraux après avoir été plusieurs fois lauréate du concours de poésie. Elle a légué au Musée du Vieux Toulouse trois des Fleurs obtenues. Elle fut également membre d'un mouvement occitaniste avec de nombreuses autres personnalités : la Ligue de la Patrie méridionale, Fédération des pays d'Oc.
Lise Enjalbert (1916-2015) - tunnelier n°2
Professeure de virologie, peintre et historienne, elle a été la première femme nommée mainteneur de l'Académie des Jeux floraux. Elle fut également la première femme présidente de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse. Après sa retraite, elle a contribué à la restauration de l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques (classé patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998), par l'intermédiaire de l’Association des amis de l'Hôtel-Dieu et de La Grave, dont elle est cofondatrice (1985). Une des stations du téléphérique urbain Téléo a pour nom « Oncopole - Lise Enjalbert ».
Berthe de Puybusque (1848-1926) - tunnelier n°3
Poétesse et romancière, elle était maîtresse des Jeux de l’Académie des Jeux floraux. Issue d’une famille dont l’histoire se confond avec celle de Toulouse, elle a pourtant été un membre discret de l’Académie de par son humilité. Sous le pseudonyme de Rustica jusqu’en 1905 elle a collaboré avec de nombreux journaux et magazines. Son inspiration principale est la Nature, apparaissant comme une Terrienne mystique. Elle écrivait des romans à l’intention des jeunes filles et des poèmes.
Marie-Thérèse de Villeneuve-Arifat (1815-1917) - tunnelier n°4
La marquise Marie-Thérèse de Villeneuve-Arifat était la fille d’un des mainteneurs de l’Académie, Pons de Villeneuve. Elle fut nommée maîtresse des Jeux en 1857. Dans son discours de remerciement, elle rappela le souvenir d’une lointaine ancêtre, Antoinette de Villeneuve qui aurait été couronnée, en 1496, par Clémence Isaure. Elle était l’une des rares Françaises Dame de la Croix étoilé autrichienne comme on peut le voir sur son portrait conservé dans les salons académiques.
Marguerite de Catellan (1662-1745) - tunnelier n°5
Poétesse et femme de lettres, Marie-Claire-Priscille-Marguerite de Catellan de Portel est la toute première femme à recevoir le titre de maîtresse des Jeux floraux en 1717, après que plusieurs de ses œuvres furent récompensées par des fleurs. Née à Narbonne, elle s’installa à Toulouse en 1697 dans l’hôtel Molinier.
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